Les quatre gardiens du monde
(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 31, page 112)
Le verset Michpatim 22, 6 dit que : «lorsqu’un homme donnera à son prochain de l’argent ou des ustensiles pour qu’il les garde et qu’ils sont volés de la maison de cet homme, si le voleur est trouvé, il en paiera le double».
Le Saint béni soit-Il, Maître du monde, a placé ce monde matériel sous la responsabilité des hommes, afin qu’ils le gardent en y mettant en pratique la Torah et les Mitsvot (1), par lesquelles le monde se perpétue. Or, il existe quatre catégories de gardiens moraux, comme c’est le cas dans le domaine matériel (2).
Dans le domaine matériel,
A) Celui qui demande qu’un objet lui soit confié l’obtient de son propriétaire avec l’intention de s’en servir (3). Celui qui le lui confie ne reçoit rien en échange (4).
B) Celui qui loue un objet a également l'intention de s’en servir, mais, pour y parvenir, il est prêt à payer le service qui lui est rendu de cette façon (5).
C) Celui qui est payé pour garder un objet le fait pour le compte de son propriétaire. En revanche, il ne se sert pas lui. même de cet objet. Il ne fait que recevoir le salaire de sa garde.
D) Celui qui garde un objet gratuitement, enfin, garde également l’objet pour le compte de son propriétaire. Cependant, à ne demande rien en échange (6).
Dans le domaine moral,
A) Celui qui demande qu’un objet lui soit confié est l’homme qui sollicite du Saint béni soit-Il la satisfaction de tous ses besoins, sans s’engager, en échange, à Le servir (7).
B) Celui qui loue un objet est l’homme qui entend tirer un profit personnel du monde appartenant au Saint béni soit-Il. Toutefois, il a le sentiment qu’il doit agir, en échange, mettre en pratique les Mitsvot, à titre de rétribution du Propriétaire (8).
C) Celui qui est payé pour garder un objet préserve le monde pour le compte du Saint béni soit-Il. Il met en pratique les Mitsvot parce que telle est la Volonté de D.ieu. Néanmoins, il entend recevoir une récompense, pour sa pratique (9).
D) Celui qui garde un objet gratuitement, enfin, garde le monde uniquement pour le compte de son Propriétaire, pour le Saint béni soit-Il. Il ne demande rien en échange. Il ne cherche pas à satisfaire le moindre intérêt personnel (10).
Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, disent que . «un homme doit toujours mettre en pratique la Torah et les Mitsvot, même s’il le fait de manière intéressée, car c’est en agissant de manière intéressée que l’on parvient à le faire en étant désintéressé» (11).
De la sorte, la Torah donne l’assurance qu’au final, celui qui demande qu’un objet lui soit confié deviendra lui-même quelqu'un qui le gardera gratuitement, quelqu’un qui sert Dieu, en renonçant à son identité propre (12), en ayant, face à ses yeux, uniquement la Volonté du Propriétaire, le Saint béni soit-Il (13).
(1) À défaut de cette pratique, le monde retournerait au néant. Il se trouve donc, à proprement parler, sous la responsabilité des hommes.
(2) Les uns et les autres seront définis dans la suite de ce texte.
(3) C’est précisément dans ce but qu’il emprunte l’objet.
(4) Il ne fait que lui rendre service.
(5) Chacun y trouve son compte et aucun des deux ne rend service à l'autre.
(6) C’est alors le gardien qui rend service au propriétaire.
(7) D.ieu lui «rend service», sans contrepartie de sa part.
(8) Son attitude est plus réfléchie que celle du gardien précédent.
(9) Quelle que soit la forme de cette récompense, bénédictions spirituelles ou bénédictions matérielles.
(10) Il sert D.ieu de façon désintéressée. C’est la catégorie la plus haute.
(11) En d’autres termes, celui qui appartient à la troisième catégorie de gardiens parviendra, au final, à accéder à la quatrième.
(12) Avec la soumission la plus totale.
(13) De façon désintéressée.
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